Un jour j’ai souhaité avoir un enfant.
Mais que savais-je du fait d’être mère ? Comment imaginer de quoi il retournait, et du plaisir ou pas que cela m’apporterait ?
Cela fait 2 ans que ma fille est née.
2 ans que j’apprends et que je deviens.
Et voilà le jour où je sens qu’il est légitime de penser et d’écrire : j’aime être mère.
C’est une tempête émotionnelle et intellectuelle qui me bouscule, me fait voyager, me transporte. Une aventure. Et je suis fière d’être cette aventurière. Courageuse, responsable, inventive et toujours en mouvement. Lara Croft c’est moi.
D’abord pour l’adrénaline. J’adore cet être comme jamais je n’ai aimé. J’admire tout ce qu’elle est, tout ce qu’elle apprend, comment elle se positionne dans le monde. Je respire son odeur comme on prend un rail. Je voudrais la manger, ne faire qu’un avec elle. Et quand j’imagine le mal qui pourrait lui arriver la colère monte en moi parfois jusqu’aux larmes et je sais que je pourrais tuer pour elle. Puis il y a un caillou dans les rouages, elle m’agace, je suis fatiguée, et alors je voudrais qu’elle s’en aille, qu’on me laisse seule, je pourrais jeter son petit verre en plastique contre le mur, je déteste devoir être là à m’occuper d’un enfant, je voudrais être insouciante à la terrasse d’un café à ne penser qu’à moi.
L’amour et la haine dans leur forme la plus désincarnée, car me débordant dans le flux des heures de sommeil suffisantes ou non, du ciel gris ou bleu, d’une entente complice ou d’une incompréhension impasse.
Mais l’attachement viscéral d’un mammifère primaire pour un autre.
J’aime, pour rien. Et je vibre, pour tout.
Ensuite pour les qualités que je dois déployer m’obligeant à me dépasser toujours. Je me découvre capable. Capable de patience, de savoir-faire basiques (faire à manger, consoler, laver, tenir des horaires décents, éduquer), d’abnégation pour le bien d’autrui.
Et pourtant je ne sais rien. Mon instinct sait. Ma fille sait. Et j’apprends. Je suis. J’expérimente. Je m’améliore. Je suis fière de moi.
Je me rencontre. Je me deviens. En étant aimée comme ça, sans attente, gratuitement. Oui je suis quelqu’un d’aimable.
Enfin je me sens héroïne car je fais tomber les masques, je rejette les attentes vaines des autres ou de moi-même. Je ne peux qu’être moi, nue, sans enveloppes factices, sans fards mal choisis. Je suis libre.
Comment jouer un rôle 24h/24, face au plus perspicace des spectateurs, cet enfant qui sent tout ? Pour ne pas craquer il faut lâcher, vivre juste.
Mais alors je dois entrer en moi, me regarder sincèrement, m’accepter et y aller.
Et c’est ainsi je le sais que je donnerai le meilleur exemple à cette future femme, que j’atteindrai mon unique objectif d’éducatrice: en faire un être humain digne et heureux.
Je suis mère.