Tu sais si tu as lu d’autres choses ici, que j’ai testé les challenges littéraires, notamment le Pumpkin Autumn (tu peux lire mes retours ici, ici et ici). Et tu te doutes qu’avec mon besoin de moins d’internet, et de réseaux sociaux, je me suis retirée de ce type de courses. Mais mon goût pour la lecture m’amène toujours à suivre quelques booktubeurs, parce que j’aime voir des passionnés qui comme moi passent des heures le nez entre des pages, mais plus mordus et doués que je ne le suis le partagent en vidéo cool. Quand je veux faire une pause dans mon roman, je me mets devant ces capsules que je prends comme de multiples conseils de libraires ou copains. Et oui, dis-le vas-y, je fais grossir la liste de mes envies littéraires au lieu de consacrer ce temps à profiter de ceux que j’ai déjà chez moi… Même histoire pour les heures que je passe en librairie, à fureter et remplir mon panier, au lieu de me poser dans le café en face pour avancer le texte en cours.
En fait, chercher des livres, découvrir les lectures des autres, connaitre les titres du moment, ramener des nouveaux exemplaires chez moi, est aussi bon que de lire.
Pourquoi cette intro bien trop longue? Pour expliquer comment les 3 premiers romans que je vais chroniquer dans ce billet sont arrivés entre mes mains.
1- J’ai suivi les conseils entendus chez moult booktubeurs pendant des années et me suis lancée dans La Passe-Miroir de Christelle Dabos (fantasy destinée d’abord à un public collégien).
Et bien bingo pour moi aussi, j’ai plongée tête la première dans cet univers fantaisiste et étrange, curieuse de découvrir ses multiples recoins et habitants. L’héroïne est une jeune femme intrépide et tout aussi palpitante que son monde. Les intrigues humaines et politiques captent l’attention avec intelligence. La description des décors permet une immersion totale. Et le style convient très bien à un lecteur adulte (contrairement pour moi A la croisée des mondes, commencé en suivant mais abandonné pour « âge limite dépassé »).
2- J’ai voulu comprendre ce qui avait tant accroché Pikiti qui nous a fait suivre en vlog de Noël sa lecture de Dry de Neal et Jarrod Shusterman (Young adultes, futur apocalyptique).
Le thème principal abordé ici est « qu’est-ce qui fait mon humanité et jusqu’où suis-je capable de la porter avant de tomber dans la bestialité pour survivre? ».
Du jour au lendemain une zone entière de la Californie est privée d’eau courante suite à la sécheresse et une mauvaise gestion humaine. On suit une adolescente dans son quartier résidentiel privilégié et sa course pour trouver de l’eau. A tout prix? Certains prennent cette option, d’autres se demandent comment ils pourront continuer à se regarder dans un miroir et à côtoyer leurs voisins après. Différentes stratégies se mettent en place, égoïstes ou coopératives. Et j’ai trouvé cela bien dosé, réaliste.
De plus la narration, tant par son style que ses choix de péripéties, tient complètement en haleine. Vraiment une lecture addictive, questionnante, et totalement flippante!
3- Un conseil lecture de Bulledop est arrivé pile à une période où j’avais besoin de feelgood sans le savoir moi-même. Révélation devant sa chronique de Changer l’eau des fleurs, il me le fallait là maintenant (de Valérie Perrin, roman contemporain).
La plume de l’autrice et sa capacité à nous rendre ses personnages si proches en font une lecture captivante. C’est vrai que le personnage principal, cinquantenaire gardienne de cimetière au passé douloureux, agit comme un baume sur nos propres soucis. Les faits racontés sont loin d’être gais, mais on en ressort quand même rasséréné et optimiste.
Je crois que ce qui m’a touchée c’est la diversité des personnages, le récit de leurs vies, rêves, malheurs. C’est une galerie de portraits de gens ordinaires qui font du mieux qu’ils peuvent au quotidien. Et je me suis immergée dans le décor du cimetière, personnage à part entière, comme je serai partie en vadrouille. Lecture dépaysante et distrayante.
Voici ensuite mon retour sur un cadeau de Noël, Le Guetteur de Christophe Bolanski.
L’auteur cherche ici à mieux connaitre qui était sa mère, en remontant le fil de son existence au travers ses habitudes, rencontres et journaux intimes. Ce n’est pas linéaire, ça ne cherche pas à être absolument véridique. On ne sait pas si on lit la vie de cette femme ou ce qu’en imagine son fils.
Pas d’intrigues haletantes, pas de narration aux multiples actions et péripéties. Mais une plume qui happe. Tout en lisant sans pouvoir le fermer, je me demandais pourquoi j’aimais tellement ce récit. Le personnage principal n’est pas une héroïne, elle nous échappe jusqu’à la fin. Sans doute est-ce pour cela que j’ai aimé cette femme. Tout comme le narrateur, redevenu un enfant dans cette quête, partageant avec nous ses manques et douleurs qui jamais ne pourront être soignés. D’ailleurs est-ce elle ou lui le héros du récit?
Lors d’une de mes visites dans la librairie près de chez moi, je suis repartie avec la bande dessinée La saga de Grimr de Jérémie Moreau.
Difficile d’expliquer pourquoi un dessin nous parle. Mais ici le trait et les couleurs ont parfaitement joué leur rôle pour faire revivre cette Islande du 18° siècle, si rude et rugueuse. Le visage du héros, Grimr, m’a captée comme s’il cherchait à me parler directement. J’ai vécu ses coups durs et ses tentatives de rester libre. J’ai senti le vent, la morsure du froid, la faim et le poids du destin qui pèse si lourd sur les épaules.
Voilà pour mes lectures de décembre et janvier. Un bon cru!