L’eau sur ton corps a bien du mal à effacer l’envie de te recoucher.
Ta peau est encore inerte, et tes muscles te font l’effet de petits loirs endormis blottis les uns contre les autres. Ton esprit essaie tant bien que mal de réveiller tout le monde.
Le petit déjeuner te parait bien long, étourdie par le flot de paroles sortant de ta radio et des membres de ta famille tout autour de toi. Ca piaille, avale, se plaint, renverse du lait, exige une tartine, chante, pleure, rit, attend une réponse mais tu n’as pas écouté la question.
Tout à coup le temps semble s’être recroquevillé, pouf!, t’abandonnant lâchement au moment le plus critique. Vite essuyer une bouche, vite la queue aux toilettes, vite les chaussures, vite remonter chercher cette veste, vite consoler celui qu’on a trop houspillé, vite ne pas s’oublier soi-même quelque part entre la cuisine et le seuil de la porte.
– Tout le monde dehors, poussez-vous je n’arrive pas à fermer la porte, là encore un peu descend la marche, merci, allez c’est bon.
Clac!
Il te faut quelques minutes, après avoir rassemblé ta troupe et commencé la marche.
Mais quand tu t’en aperçois, tout se remet en place en toi. Et le sourire retrouve ton visage. Il fait jour ce matin. Il fait jour à cette heure-ci.
– Enfin!
Et alors tu chantes à ton tour.