C’est un petit tube jaune.
Un petit tube plein de lumière.
Il en sort en serpentin
une crème ivoire épaisse.
Serpentin aussi fin
qu’un tel tube le permet.
Crème aussi magique
que le moment le requiert.
Déposée sur la pulpe des doigts
délicatement tamponnée sur un nez,
des joues rouges, un front froissé, un coup tendu,
elle s’étire, recouvre, se fond.
Alors sa magie opère.
Elle sent le soleil au zénith
la peau nue
le sable chaud sous la main étendue.
Le doux drap de bain sous les cuisses
les épaules calées dans le sol mou
les gouttes fraiches d’un voisin qui s’ébroue.
Le petit tube tire à l’aveugle
bruit de houle sur cris humains
brouhaha de joie et farniente.
La crème évoque
– bien malgré elle ? –
le sel qui pique
d’abord
puis enivre
toujours.
L’écume lèche les pieds
les rouleaux font valser
la grande bleue aspire.
– Hmmmm….
Le petit tube est refermé,
rangé dans son tiroir.
Des yeux se rouvrent devant le miroir.
L’océan est en fait si loin.
Pourtant le tube a marqué le retour
des rêves et promesses et envies,
la capacité à se voir
dans un futur plein d’été.
(Sur les saisons, lire aussi Attendre du printemps)