
j’ai compté en arrière, et le nombre de soirées à tourner dans mon lit sous les remous de la culpabilité maternelle était insignifiant
j’ai grondé ma fille qui nous rendait toutes chèvres, et quand on s’est réconciliée je suis vraiment passé à autre chose, le cœurléger, sans analyser tout ce que j’avais prononcé, sur quel ton, et pourquoi je n’avais pas su rester calme
j’ai mis mes enfants une heure devant un dessin animé pour pouvoir faire ma séance de sport pénarde, et j’ai pensé avec pitié à tous les pseudos psy qui m’auraient lapidée
j’ai dit « tu sais même quand on se dispute parce qu’on n’est pas d’accord je t’aime. Je t’aime toujours toujours ça n’a rien à voir avec le fait que je ne supporte pas quand tu hurles dans mes oreilles parce que ta sœurt’a regardée en louchant. », et j’ai dit « j’adore être avec vous et j’adore sortir avec mes copines » en claquant la porte de la maison sans me retourner. Et tout ça sans que les larmes me montent aux yeux.
j’ai regardé dans le miroir la mère que j’étais, je lui ai caressé la joue, on s’est mises d’accord qu’on en faisait déjà bien assez et qu’en vrai, on n’avait pas le pouvoir de faire de nos filles des êtres parfaitement heureuses et équilibrées. On a rigolé bêtement face à nos ambitions de démiurge.
J’ai lutté, pendant Le Grand Confinement, pendant des années, parfois en le cachant sous des mots à la troisième personne, souvent en le gardant pour moi. Et puis, un jour, je me suis sentie plus légère.
Je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite. Je ne sais pas très bien pourquoi. Je voulais juste te le dire.