Une funambule à Farandole

Il la sentit avant de la voir. Il y avait dans l’air une odeur inhabituelle, qui lui évoqua le danger surmonté, le quotidien renversé, les règles écrasées des deux pieds. L’odeur de sueur. Elle recouvrait tout. C’était salé, frais, légèrement musqué, et surtout indécent. Très indécent. Il décida de la suivre.

            Il crut d’abord qu’elle provenait des diffuseurs officiels installés à chaque coin de rue. Ces longues boites en forme d’éventail trônaient au sommet des angles convexes tracés par les façades des carrefours. En y réfléchissant un peu il aurait immédiatement écarté cette éventualité : jamais La Ville n’aurait diffusé une senteur si alléchante. Habituellement les rues baignaient dans les reproductions chimiques de rose, lavande, bleuet, quand elles n’étaient pas embaumées par l’ersatz de parfum des petits pains chauds sucrés que chaque boulangerie se devait de confectionner. Émilien était un de ces Pétrisseurs Officiels, refermant juste la porte de son fournil pour rejoindre sa conjointe devant l’école. Il emprunta le passage Bleu le nez en l’air, zigzaguant au gré des angles droit du trottoir accroché aux murs roses, puis sortit de l’entrelacs de rues triangulaires. Du coin de l’œil Lili nota qu’il arrivait. L’allée des Plaisirs traversait Farandole dans une longue et large ligne parfaitement droite, où aucun piéton ne pouvait se cacher. Elle avait recouvert son nez de son grand col pelle à tarte amidonné. Émilien passa sans un regard à côté du passage-piéton où il aurait dû traverser, puis tourna vers la place Qui-Rit. Lili pensa que cette fin de journée prenait une étrange tournure.

            Quand il arriva devant le bloc de marbre vert qu’était la mairie, il commençait à y avoir un petit attroupement de badauds, nuques pliées et mains en visière vers le ciel. Mais la seule chose qu’il vit fut le vélo glissant au-dessus de la fontaine de sucre. Puis les longs cheveux noirs sortant du haut-de-forme, pour tomber en cascade sur les épaules musclées de la funambule. Il pressentit immédiatement qu’il se trouvait face à Clarissa. Il ne l’avait encore jamais vue de ses yeux, mais comme tous ici il connaissait son histoire. Qui d’autre aurait porté costume noir et cheveux longs ? Il fallait n’avoir peur de rien, ou se rire de tout, pour oser pareil manquement aux lois de La Ville.

            Les familles maintenaient l’ordre dans les maisons en menaçant les enfants de les envoyer vivre chez Clarissa, de l’autre côté du fleuve. Comme elle ils seraient alors bannis, rayés de la liste des citoyens de Farandole, et passeraient une existence morose ; le pire des cauchemars. Il y a quelques années, Émilien avait entendu deux grand-mères discuter devant la vitrine de sa boulangerie. L’une d’elles avaient prononcé le nom de Clarissa, sans aucune crainte ni indignation, mais au contraire avec une pointe d’envie. Il était question de refus du mariage, de liberté et d’odeur de forêt. S’il n’avait pas tout saisi, il avait commencé à se renseigner sur cette femme, ce mythe, et en avait appris plus sur son existence à Farandole. Clarissa était une jeune adulte quand lui-même naquit, en âge de choisir un conjoint et un projet de vie. La rumeur parlait d’un éminent membre de La Ville qui aurait ambitionné de s’unir à elle. Mais Clarissa n’en avait pas voulu. Elle refusait d’ailleurs toute proposition. Une seule chose l’intéressait : aller voir ce qu’il y avait au-delà des murs d’enceinte, au-delà même des pompes à eau du bord de la Navrante. Une nuit elle quitta pour de bon la cité. Et devint l’épouvantail chargé de dissuader tout autre de suivre sa trace.

            Flottant aujourd’hui sur son fil, chevauchant son vélo comme une reine, elle se mit à chanter. Pas une mélodie suave ni un hymne dynamique qu’il aurait pu connaitre. Sortait de sa bouche une lente mélopée, d’abord à peine perceptible, puis prenant force, gagnant chaque oreille, s’insinuant dans les corps. Certains commencèrent à se boucher les oreilles, d’autres essayaient de moquer la chanteuse. Des parents qui rejoignaient les lieux avec leurs enfants sortis de classe firent demi-tour. Mais les petits refusaient de partir, subjugués par le spectacle visuel et sonore. L’effluve humaine les envoutait. Ils ne verraient sans doute plus jamais quelque chose d’aussi vibrant et en avaient tout à fait conscience. Les visages horrifiés de la masse confirmaient leur pressentiment. Émilien, lui, ne prêtait attention à rien de ce qui l’entourait. Il sentait grossir au fond de sa gorge une grande tristesse, irradiant son estomac et réchauffant ses membres au rythme de ses battements de cœur. Il se sentit terriblement vivant. Ses yeux suivaient le corps souple, les boucles sombres auxquelles le soleil donnait mille reflets. La légèreté du mouvement servait d’écrin à la puissance de la voix.

            Lorsque Clarissa pédala en marche arrière, son visage buriné lui offrit un sourire discret mais réel. Il contempla les rides au coin de la bouche, des yeux, entre les sourcils. Si elle avait continué à vivre avec eux, son visage de cinquantenaire n’aurait jamais affiché de façon si farouche les années de vie ; il aurait été comme tous les autres, lissé avec précision par les soins des Embellisseurs, aux frais de La Ville. Est-ce cet ultime outrage aux bonnes mœurs qui décida la brigade de surveillance ? Les yeux de La Ville voyait tout. Le bras de la mairie se leva. On entendit d’abord les rouages mécaniques, puis le tube en métal se décolla du mur contre lequel il reposait, et la pince d’acier claqua. Long de toute la hauteur de la façade, et accroché au raz du toit, ce bras articulé se déploya vers la dissidente. Ceux qui ne fuirent pas pour de bon restèrent cloués sur place, hormis la funambule, plus décidée que jamais à enchanter la place Qui-Rit. Vive et aérienne, elle créait avec l’engin chargé de l’arrêter une chorégraphie insensée. Cependant son chant ne parvenait plus à couvrir le bruit métallique. Un fumet de gâteau au chocolat s’insinua dans toutes les narines, soufflé par l’ensemble des diffuseurs. Émilien tentait de s’accrocher à l’odeur de peau qui l’avait attiré ici, mais déjà toutes sensations quittaient son corps. Il eut juste le temps d’avoir peur pour la femme lorsque la pince sectionna le fil lui servant de piste. Avec son vélo elle sauta in extremis sur un toit, et quitta Farandole par ce chemin de tuiles. Lui resta quelques secondes à regarder le ciel, puis remarqua qu’il n’était plus que quelques-uns sur la place. Le sol était jonché de papiers gras et de restes de nourriture, abandonnés par la foule paniquée qui avait déserté les lieux. Une musique à la mode se joignit au parfum pour emplir les rues de gaité.

            Lili était restée devant la grille de l’école tout le temps qu’avait duré cette mésaventure, trop effrayée par ce que ses sens lui faisaient vivre. Encore aux aguets, elle vit clairement Augustine, sa voisine de 90 ans, jeter son déambulateur au milieu de la chaussée et remonter l’allée des Plaisirs la tête haute. Celle-ci ne s’arrêta pas aux portes de la cité, et disparut au bout de longues minutes à l’horizon. Alors Lili remarqua qu’elle pleurait et poussa un cri d’effroi.

La tarte

Tes pieds nus effleurent l’herbe fraichement coupée. Lovée dans la chaise longue tu peux étendre tes jambes avec légèreté, et ainsi maîtriser la caresse.
Le fond de l’air est lourd, mais une petite brise bienvenue rend le jardin agréable même en cette pleine après-midi. Ta peau reste sèche quand une douce chaleur irradie tout ton corps.
Tu rêvasses en observant le ballet des moucherons autour des fleurs.
Les feuilles bruissent.

Tu serais si bien, à cet instant précis, avec le ciel et l’âme pour seules compagnies.
Tu savourerais ta place, sans les images qui dansent derrière tes yeux, les paroles d’autres bourdonnant à tes oreilles.

Car au fil des ans, tu t’es forgé une carapace de culpabilité et d’insatisfaction.
Elle t’empêche de profiter de ce qui est bon.

Tu as pollué ton esprit, tu as encombré tes rêves.
Ca ne s’est pas fait en une nuit. Il en a fallu beaucoup, plongée dans les désirs maintsream du papier glacé et des écrans froids.
Miss t’a d’abord appris que tu ne serais jamais une fille des podiums tout en te martellant comment le devenir. A quel âge ton premier régime? Ta première épilation? Tes premières hésitations pour adresser la parole sans paraitre trop intéressée?
Les journaux il fallait aller les acheter, ils étaient plein de mannequins ou de célébrités.
Les séries TV se passaient dans un ailleurs trop éloignés.
Tu pouvais maintenir une certaine distance avec les fantasmes que cette pop-culture faisaient naitre. Elle représentait un monde un peu parallèle, pas vraiment celui que tu harpentais.

Puis il y eut la toile, attirante, gluante. Ton amie des années d’incertitude. Celles où il faut prendre les rênes sans savoir où aller.
Les choses paraissaient si simples pour ces autres, affichés sur ton écran, généreux dans leurs conseils.
Comment s’habiller, comment se décider.
Organiser ses journées, mener ses projets, programmer sa vie.
Franchir les échelons, devenir adulte.

Ils paraissaient tellement plus à l’aise, accomplis, assis sur un siège que tu croyais vouloir aussi. Et ils étaient comme toi, des anonymes pas plus fortunés. Plus malins peut-être, d’après toi mieux taillés pour ce monde.
Alors tu as entrepris de t’améliorer.
De développer tes compétences.
D’être toi en mieux.

Magie infinie d’Internet et de la praticité des outils, ces conseillers en image/gestion du temps/carrière/maternité/décoration/diététique[etc] t’ont accompagnée dans toutes les étapes de ta jeune vie. Avec ton consentement.

« A force de vouloir entrer dans le moule on finit par devenir tarte. »
La phrase s’est affichée sur ton smartphone à 9h ce matin. Celle qui l’a « partagée » ne sait pas.
La tarte c’est toi.

Depuis ta chaise longue tu penses à ce que ferait Mélanie-coach-en-changement-de-vie par un tel après-midi libre.
D’abord nettoyer la maison de font en combles, pour « faire circuler l’énergie ». Puis établir la to-do-list des choses à réaliser en juin.
Une fois chauffée, certainement qu’elle créerait un nouveau programme en ligne, pour aider les filles comme toi à plannifier leurs rêves et ne pas passer à côté de leur vie.
Puis une séance de yoga, une soupe froide détoxifiante et un MOOC de néerlandais.
Toi tu as prévu de manger une salade de tomates mozza avec du pain (blanc!), comme hier et avant-hier.
Tu te désespères. Aucune créativité, aucun défi, aucune résolution accomplie.

Wohoho! La tarte! C’est vraiment ton rêve à toi de cocher des tâches à longueur de journée sur un outil numérique de gestion?
Quand tu étais enfant, tu ambitionnais d’être la plus rapide à ranger ton linge et de connaitre 20 recettes de smoothie à base d’avocat?
Surtout, étais-tu moins heureuse quand tu n’étais qu’un pauvre fruit tombée de l’arbre, pas encore agrémentée de crème et étalée sur une pâte feuilletée « faite maison »?

De la crème trop sucrée, voilà à quoi tu penses quand tu fais le tour de tout le contenu médiatique ingurgité ces 20 dernière années.
Personne ne t’a forcée, mais tu t’es comportée exactement comme un canard qu’on gave.
Tu as ouvert grand le bec et tendu ton petit cou pour avaler un amas graisseux qui n’a d’intérêt que pour celui qui te mangera.

Tu as cru que tu n’étais pas assez.
Tu as cru qu’en suivant les règles tu t’épanouirais.
Tu n’as pas vu que ta graine contenait déjà tout ton nécessaire. Tu as perdu confiance en ta propre capacité à pousser, sans mauvais engrais qui te dénatureraient.
Et aujourd’hui dans ton jardin, en comprenant ça, tu décides de reprendre ta vie de fruit sauvage, libre.

-Et d’arrêter de lire trop de contenus lifestyle sur Insta, ta prose commence à devenir un OGM standardisé.

Jour 6

Réveil: bruits de cavalcade dans l’escalier des voisins. Tu reviens progressivement dans le monde réel. Encore une surprise quand ta conscience te rappelle ce qui se passe. Le monde se résume à ton appartement, dehors il n’y a que le gris et le silence. La boule reprend sa place au fond de ta gorge. Tu t’étires en fixant le plafond.

Pas de boulangerie ce matin. Tu n’es pas sortie depuis jeudi. Au lieu de te faire du bien, ces quelques pas dehors ont gravé sur ta rétine des images de fin du monde. Les gazouillis d’oiseaux comme seul bruit de vie, au milieu des rangées de maisons et immeubles en briques bien alignés. Les quelques voitures en circulation semblaient rouler trop vite, moteur crevant la mélodie à intervalles espacés, pneus crissant trop fort devant les feux rouges. Les conducteurs fuyaient quelque chose. Leur déplacement dans l’espace public était obligatoire mais devait durer le moins longtemps possible. Comme pour toi piéton hagard.

Le plus gros choc fut ce premier passant à descendre marcher sur la chaussée pour te croiser. Puis il y eut ta voisine âgée, nez dans son col de manteau relevé qui t’a fuie du regard sans un bonjour. Le silence dans ton petit commerce, la plupart des gens gantés de plastique, les moitiés de visages recouverts de masques verdâtres ou gris. Quand tu as remercié la caissière de continuer son travail, vous permettant ainsi de manger, ses yeux t’ont rendu ton sourire. Toi tu as pleuré sur le trottoir, tes bras lestés de courses « de premières nécessités « .

En claquant la porte de ton domicile, tu t’es adossée à ce pan de bois qui te protège du monde. Avant il représentait l’entrée de ton monde intime autant que le passage vers la frénésie de la vie, la rencontre et les découvertes. Une barricade, voilà ce que tu as vu en tournant la clef, et t’étonnes qu’il n’y ait pas de sacs de sable tout contre.

En coupant tes carottes en rondelles ce dimanche midi, tu regardes ta pièce de vie. Elle n’a jamais aussi bien portée son nom. Toute ta vie ici. L’appartement ne fera bientôt plus qu’un avec ton enveloppe de peau et de chaire. Tu es ce mammifère palpitant et ce sol carrelé, ce canapé qui a pris la forme de tes fesses, cette radio qui pense pour toi, cette fenêtre où tes yeux reviennent sans cesse.

-Finalement mon espace s’élargit. D’un corps d’1m70 sur 60cm je passe à 40m2 rempli d’air et d’objets divers!

Tu éteins les infos qui commencent à ressasser les mêmes « nouvelles » depuis 48h. Il y aura de moins en moins de choses à dire. La guerre se joue dans le confinement des chambres et les couloirs d’hôpitaux. Une routine s’est mise en place. Alors on se met à compter le nombre de verbalisations pour occuper le temps et les bandes sonores médiatiques. Il y a des gens qui « ne pensent qu’à eux », « ne comprennent rien » et continuent un semblant de vie sociale dans les espaces publics laissés aux chats errants et bourrasques de vent. Personne ne se demandent qui ils sont, combien font une balade d’agréments et combien menacent vraiment de sauter de la fenêtre de leur immeuble sans bouffée d’extérieur.  Puisqu’il n’y a rien à reprocher à un virus, déversons nos peurs, frustrations, incompréhensions sur des boucs émissaires humains. La chasse aux « méchants voisins » est ouverte!

Nina Simone. Pourquoi avoir attendu 6 jours pour faire raisonner sa voix? Ta respiration ralentit imperceptiblement. La lumière de la pièce te paraît plus chaude. Tu te félicites te t’être lancée dans ce modeste pot-au-feu. Cet après-midi tu feras le ménage. Après tout tu fais bien l’effort de passer sous la douche tous les jours. Ton extension de béton mérite elle aussi un peu de soin.

Cette première semaine était mon entraînement. Maintenant ça commence pour de bon.

Une partie de tes activités ne peuvent plus se faire, l’autre doit changer de forme. Mais la seule question est de savoir quelle personne tu as envie d’être pendant ce confinement.

 

 

Jour 1

Tu ouvres les yeux. En quelques secondes tu te rappelles. Aujourd’hui est le début d’un nouveau quotidien, que tu n’as pas choisi. Ca te noue immédiatement l’estomac. Toute cette histoire te parait tellement irréelle, tu te demandes si tu n’as pas juste une grosse gueule de bois. Non, hier soir déjà les temps n’étaient pas à la fête.

Il faut du pain. Pas encore besoin de papier autorisant de marcher dans la rue. Mais déjà le silence augmente ta nausée quand tu longes le boulevard. En passant devant le fleuriste, qui a fermé ses rideaux de fer pour une durée indéterminée, tu te demandes qui fait la liste des commerces vitaux. Tu aurais bien besoin de mettre quelques couleurs entre tes 4 murs. Tu les imagines se refermer autour de toi, sans issue offerte. Et tu ne sais pas comment tu vas le supporter. Alors tu traines sur les quelques centaines de mètres de ce trajet quotidien. Tu voudrais avoir besoin de pain à longueur de journées.

Est-ce par ce que tu n’arrives pas vraiment à y croire? Parce que tu ne veux pas te retrouver tout à fait couper du monde? Tu essaies d’élargir ton espace en harpantant les réseaux numériques. Sociaux. Tu te prends les angoisses des autres, l’agressivité de la peur et les conseils moralisateurs comme autant de mauvaises vagues frappant de plein fouet un marcheur sur la digue. Tu lances aussi tes propres maux, mais ça ne libère en rien ton estomac engorgé.

-Putain ça va être ça la vie?

Tu t’enfouies sous la couette, yeux rivés vers les nuages. Tu as « la chance  » d’avoir un vélux au dessus de ton lit. Oui, tu commences à chercher tous les détails faisant de toi une chanceuse, par rapport aux autres. Les mal logés, les non logés, les mal accompagnés, les vrais seuls. Tu as peur, tu as mal au coeur, et en plus tu culpabilises de ne pas être contente de ton sort de privilégiée qui va pouvoir lire, et glander, et « profiter de la vraie vie » tout son saoûl. La vraie vie…

-Ok, j’arrête les réseaux sociaux.

Tu fermes les yeux.

La vague, elle est aussi en toi.

C’est la tempête.

Ca gronde, ça chahute les entrailles, ça fait mal.

-J’ai mal! Merde!
Merdemerdemerdemerdemerdemerdemerdemerde!!!!!

Et alors ça coule par les yeux. Ca coule sur les joues, le menton, le long du cou, dans les lobes des oreilles.

Demain peut-être tu te lèveras pour faire face. Petit soldat de ta propre guerre.
Ce soir tu te retires. Ta tranchée ne pue pas la boue, mais à cet instant il y fait bien froid.