Tu voudrais avoir des choses à dire
alors tu ouvres la bouche
et ça sort.
« Y avait du monde à la boulangeire, pff! »
Bravo.
Tu voudrais avoir des choses à dire
alors tu ouvres une page blanche
tu tapes et tu effaces, tu tapes et tu effaces, tu fermes la page.
Tu as des choses à dire
alors tu prends de quoi écrire, tu plonges dans une pièce vide et fermes la porte.
Tu es fébrile en allumant l’écran.
L’enfant est plus rapide que toi
elle est déjà contre ta cuisse.
Ses mots à elle font s’envoler les tiens,
bouche soufflant sur le pissenlit blanc
disperse les aigrettes fragiles dans l’air.
Tu te veux inspirée
pourtant les pensées restent bourgeons
pas assez de soleil ni d’eau pour les faire éclore
ta terre est tarie.
Si le monde donne le souffle
il y a du monde pour te le souffler
te prendre l’énergie nécessaire
pour aller plus loin que tes besoins primaires.
Tu te mets à faire des rimes
trop faciles
sans les chercher
réflexes d’écriture
pour parler quand on ne sait plus.
Les pas dans l’escalier approchent
cette fois tu as eu plus de temps
mais voilà le
– Maman! A table!
et tu éteins la lumière.